La 9 ème édition du Forum des affaires internationales ou International Business Forum MAKUTANO (“rencontre’’ en langue Swali), premier réseau d’affaires d’Afrique centrale, s’est tenue du 20 au 21 septembre au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan. Une toute première délocalisation de ce rendez-vous hors de la République démocratique du Congo (RDC) et de la sous-région qui témoigne du renforcement de la coopération entre ce pays et la Côte d’Ivoire. Les panels au programme de la 1 ère journée dudit forum ont pris fin par un “salon de conversation’’, après l’allocution d’ouverture du Premier ministre ivoirien Patrick Achi dans la matinée du mercredi 20 septembre ainsi que les discours de son homologue congolais Jean-Michel Sama Lukonde et de la fondatrice du réseau MAKUTANO, Nicole Sulu.
Précédé d’une introduction du PDG de l’agence de notation financière Bloomfield Investment Corporation, Stanislas Zézé, ce “salon de conversation’’ modéré par Marc Wabi, managing partner Deloitte Côte d’Ivoire, a été coanimé par le Ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Coulibaly, et son collègue de la RDC, Nicolas Kazadi. Ledit “salon’’ a porté sur le thème « Risque pays et performances économiques ».
Dans son intervention, le Ministre Adama Coulibaly a partagé l’expérience du succès économique de son pays depuis ces dernières années , en mettant en exergue quelques leviers essentiels. Ainsi, il a rappelé que la Côte d’Ivoire a fait d’énormes progrès au niveau notamment du climat des affaires, en élaborant au sortir de la crise de 2010-2011 un code des investissements attractif, qui accordait beaucoup d’exonérations aux investisseurs. Ce qui avait valu à la Côte d’Ivoire d’être classé au rang des pays les plus réformateurs dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le climat des affaires étant assaini, au lieu de l’exonération, la Côte d’Ivoire a décidé mettre l’accent sur les mécanismes susceptibles de garantir et de renforcer la protection l’investisseur . Parce que nos analyses nous ont indiqué que ce sont ces éléments qui constituent désormais la priorité et la motivation des investisseurs. Concernant l’épineuse problématique du financement, Ministre ivoirien a souligné que des financements existent mais que les conditions se sont durcies sur le marché international depuis la Covid-19, la guerre en Ukraine et les autres crises. En raison de cette situation, très peu de pays ayant la possibilité de se financer sur le marché des capitaux internationaux, il faut s’orienter vers les financements domestiques (ressources fiscales, non fiscales, les placements sur les produits financiers et autres).
Relativement au risque-pays, le Ministre Adama Coulibaly a rappelé que « La Côte d’Ivoire est noté aujourd’hui par trois agences majors : Standard and poor’s, Fitch et Moodys’s. La Côte d’Ivoire est parmi les pays les mieux notés par ces agences. En termes de Risque pays de l’OCDE également, sur une échelle de 1 à 7, la plupart des pays africains sont notés entre 6 et 7, c’est-à- dire les risques les plus élevés. La Côte d’Ivoire a réussi à baisser son Risque pays de 6 à 5. (…) Il est donc important de pouvoir travailler sur les questions de notation financière, mais également à réduire le Risque pays qui a un impact sur le cours des emprunts », a-t-il ajouté.
Faisant suite à une question sur la bonne appréciation par les bailleurs de fonds de l’utilisation des Finances publiques, le Ministre Adama Coulibaly a rappelé que la Côte d’Ivoire a mis très tôt en place un Plan national de développement (PND) quinquennal qui constitue le réceptacle des priorités du gouvernement. « Tout investissement doit être inscrit dans le PND. (…) Le PND a été fait pour rationnaliser les investissements à faire », a-t-il dit. Il a ensuite expliqué que depuis 2020, la Côte d’Ivoire a adopté un mode de gestion du budget appelé le budget-programme. Désormais, a fait savoir le Ministre à ce titre, l’on passe d’une obligation de moyens dans certaines administrations, à une obligation de résultats. Ainsi, les ressources budgétaires sont allouées selon des programmes évalués en fonction des indicateurs prédéfinis d’accord partie entre l’ordonnateur et celui qui exécute. « C’est l’une des expériences que nous pouvons partager ici. Les dépenses publiques sont importantes. Elles doivent être gérées de la façon la plus rigoureuse possible », a tenu à noter le Ministre ivoirien de l’Economie et des Finances.
Le dernier volet de son intervention en vue de partager l’expérience de la Côte d’Ivoire avec la RDC concerne la digitalisation de l’administration. A ce sujet, le Ministre Adama Coulibaly a précisé qu’au niveau du Trésor Public ivoirien, un progiciel a été développé pour assurer la traçabilité et la fiabilité des transactions faites par les comptables publiques au moment de la dépense publique. Il a en outre révélé qu’un Système de gestion automatisé du compte unique du Trésor a été créé pour une centralisation automatique qui permet d’avoir une visibilité très nette et en temps réel des avoirs de l’Etat. D’autres systèmes de digitalisation tels que le e-impôts ont été cités par le Ministre pour insister sur la volonté de la Côte d’Ivoire de poursuivre la digitalisation de son administration en vue d’atteindre « l’objectif 0 papier ».
Pour sa part, le Ministre des Finances de la RDC, Nicolas Kazadi, a souligné que son pays, avec sa conférence Risque pays qui est à sa 2 ème édition, s’inspire beaucoup de la Côte d’Ivoire. Il a enfin tenu à noter que le modèle de digitalisation du Trésor Public de la RDC emboîte également le pas à la Côte d’Ivoire.
SERCOM MEF