Passage réussi ce mardi 26 mars par le Ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, devant les députés de la Commission des Affaires économiques et financières (CAEF) de l’Assemblée nationale. Le projet portant politique nationale d’endettement et de gestion de la dette publique présenté par l’émissaire du gouvernement a été en effet adopté à la majorité par les membres de cette Commission.
Issu d’instruments juridiques consolidées en un texte unique, ce projet de loi qui comprend 62 articles répartis en sept titres vise selon le commissaire du gouvernement « à permettre à l’Etat de : satisfaire ses besoins de financement et ses obligations de paiement à moindre coût en tenant compte des limites imposées par les seuils d’endettement fixés dans le document de stratégie de la dette ; limiter les risques liés à l’instabilité des marchés financiers et à la soutenabilité des finances publiques ; faire de la politique d’endettement un véritable outil de développement ».
Les échanges avec les députés qui ont suivi la lecture de l’exposé des motifs ont été l’occasion pour l’émissaire du gouvernement de battre en brèche les allégations de surendettement de la Côte d’Ivoire et de mauvaise gestion de sa dette. Ainsi, avant de se pencher sur l’orientation des investissements, il a mis en avant des ratios standardisés au plan international pour montrer que la dette ivoirienne est soutenable.
Ces ratios, a dit le Ministre des Finances et du Budget, permettent d’évaluer la situation des pays en matière d’endettement, en comparaison avec d’autres pays qui peuvent être des pays comparatifs . « Quand on regarde la Côte d’Ivoire aujourd’hui, nos pays comparateurs sont des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya, le Botswana. Ce qui veut dire que nous sommes sortis de la situation dans laquelle nous étions pour nous comparer aux meilleurs, aux grands pays au niveau du continent africain », a-t-il soutenu.
Tout en notant ensuite que des pays voisins ont des taux d’endettement très élevés (92% pour le Ghana, 76% pour le Sénégal qui est un pays de l’UEMOA, 71% pour le Maroc et l’Afrique du Sud), le Ministre a tenu à rappeler que la Côte d’Ivoire est à 58%, alors que la norme fixée dans l’espace communautaire de l’UEMOA est de 70% du PIB. Il a ainsi fait savoir que les 25 000 milliards de FCFA avancés comme la dette actuelle de la Côte d’Ivoire, doivent être rapportés à la richesse nationale (PIB). « Avec 8000 milliards de FCFA de dette en 2011, la richesse nationale était de 12 000 milliards de FCFA. Quand on fait le ratio, on se trouve à un taux de 69% d’endettement ; et 51% de la population, soit plus de la moitié, était pauvre. (…) En revanche, si les 25000 milliards de FCFA de dette évoqués aujourd’hui sont rapportés à la richesse qui a été créée, le ratio est beaucoup plus faible en termes d’endettement. En 2017, on est passé à 49% de pauvres, et aujourd’hui nous sommes à 39%. Ce qui veut dire que tout ce qui a été fait a visé l’amélioration des conditions de vie des populations », a-t-il dit.
Outre la valeur actuelle de la dette rapportée au PIB, le Ministre Adama Coulibaly a relevé que la Côte d’Ivoire, avec ses ressources, a la capacité de rembourser ses créanciers. A cet effet, il a rappelé que depuis 2012, ce pays a un programme avec le FMI qui y effectue des missions régulières. En compagnie de la Banque mondiale, a poursuivi l’émissaire du gouvernement, le FMI analyse tout ce que fait la Côte d’Ivoire et donne des indications sur la soutenabilité de sa dette. « Ils ont toujours dit que notre dette est soutenable. Ce qui veut dire que la Côte d’Ivoire ne présente pas de risque de non- paiement de sa dette. En plus, la dernière notation financière qui a été faite par Moody’s nous met au même niveau que l’Afrique du Sud, le Maroc, le Brésil. Cela dit, la Côte d’Ivoire est vue comme un pays déjà émergent », a-t-il fait savoir.
19 000 milliards d’investissements réalisés Le Ministre Adama Coulibaly a également affirmé que si la Côte d’Ivoire engrange des ressources importantes sur les marchés des capitaux, c’est parce que les investisseurs on confiance en ce pays. « 75% des investissements viennent du secteur privé. (…) 19 000 milliards ont été fait comme investissements en Côte d’Ivoire dans tous les secteurs. En ce qui concerne l’orientation des investissements dans le domaine de l’éducation, 43 700 salles de classe ont été construites entre 2012 et 2023. Le nombre de lycées et collèges a doublé entre 2011 et 2022. Aujourd’hui, on a près de 500 lycées et collèges, alors qu’en 2011 on était à 242. Le taux de scolarisation est aujourd’hui à 94%, comparé à 72% auparavant. Dans le domaine de la santé, dans les villages, 75% de la population se trouve à moins de 5km d’un centre de santé, alors que cet accès était de 66% en 2012. Cela veut dire que des hôpitaux et centres de santé ont été construits partout sur le territoire. Dans le domaine de l’eau potable la couverture aujourd’hui est de 90% contre 78% en 2012. Le taux de couverture en électricité aujourd’hui est de 86%, alors qu’il était de 33% en 2011 », a-t-il fait remarquer, sans être exhaustif.
Cette dynamique d’investissements, a souligné le Ministre, permet de réduire la pauvreté et de préparer l’avenir des générations futures.
SERCOM MFB